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L’arbre généalogique du RGPD

Le RGPD n’est pas la première loi destinée à encadrer l’utilisation des données personnelles. Dans cet article, nous allons voir les principales lois qui y ont participé et continuent à y participer.

Les années 70

Au début des années 70, l’idée d’avoir un comité de surveillance et un tribunal de l’informatique commence à germer. Et c’est vers la fin de cette décénnie, en 1978, que la loi informatique et libertés est signée.

Cette loi permet alors de règlementer les traitements d’informations nominatives, terme qui sera modifié quelques années plus tard.

La loi informatique et libertés place alors la législation sur l’informatique dans le cadre des droits de l’homme dans son premier article.

L’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques.

La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) est créée. Sa mission est définie : elle est chargée de veiller au respect de cette loi.

L’exercice du droit d’accès est également défini. Toute personne peut demander à accéder aux informations nominatives qu’un organisme dispose sur elle. Elle peut également demander leur modification ou leur suppression.

Un autre droit important est aussi spécifié : le droit d’opposition. Une personne peut s’opposer à ce que ses informations soient traitées.

La loi limite aussi les traitements informatisés sur certains types de données particuliers. En effet, si les données indiquent les origines raciales, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou encore les appartenances syndicales, leur traitement est soumis au consentement des personnes concernées.

La loi informatique et libertés définit donc dès les années 70 des concepts toujours d’actualité. Elle sera mise à jour au fil du temps.

Les années 2000

En 1995, l’Union Européenne publie une directive concernant la protection des personnes physiques par rapport aux traitements de données à caractère personnel et la circulation de ces données. Elle essaye alors d’harmoniser les règles sur les traitements de données personnelles entre les différents pays de l’UE.

Cette directive indique qu’un traitement doit respecter trois principes : la proportionalité, la transparence et la finalité légitime. La directive reprend aussi les droits d’accès, de modification et de suppression définit dans la loi informatique et libertés ; ainsi que le droit d’opposition.

Cette directive de 1995 crée le G29, qui sera remplacé plus tard, qui a pour but, entre autres, de conseiller la Commission Européenne sur les sujets liés à la protection des données personnelles.

Cette directive ne sera appliquée en France qu’en 2004. En effet, une directive doit être transposée dans le droit de chaque pays.

Cette transposition entraine des modifications dans la loi informatique et libertés, notamment en définissant de façon plus précise le concept de données personnelles qui remplace alors celui d’information nominative.

La loi informatique et libertés est modifiée plusieurs fois pendant les années 2000 par différents décrets.

Parmi ces modifications, on peut noter une harmonisation des règles entre le secteur public et privé. En effet, le public n’a plus besoin de demander d’autorisation à la CNIL lors de la constitution de fichiers contenant des données personnelles, mais doit les déclarer auprès de la CNIL.

Les modifications des années 2000 créent également le Correspondant Informatique et Libertés qui est alors en charge d’appliquer la loi dans son organisme.

Harmoniser encore et toujours

En 2016, le fameux Règlement Général sur la Protection des Données est voté par le Parlement Européen, entre en vigueur en 2018 et abroge la directive de 1995.

Contrairement aux directives, un règlement n’a pas besoin d’être transposé dans la législation de chaque pays mais est directement applicable.

Le G29 est remplacé par le Comité Européen de la Protection des Données qui a pour mission de garantir l’application du règlement de manière cohérente.

L’entrée en vigueur du RGPD entraine de nouvelles modifications dans la loi informatique et libertés pour la rendre plus cohérente avec la législation européenne.

Depuis sa création en 1978, la loi informatique et libertés a donc connu de nombreuses modifications afin de s’adapter aux évolutions techniques et législatives. Mais il est intéressant de noter que les principes de base sont encore et toujours d’actualité.